Europacity, le projet immobilier d’Auchan à Gonesse. Les porte-monnaies sont ils extensibles ?
Zoom sur le projet mégalo du groupe Auchan (Mulliez) au nord de Paris : Europacity.
La fréquentation et la rentabilité des centres commerciaux sont en baisse. Maitres de la distribution de marchandises depuis les années 70, les « malls » pour reprendre leur nom américain, doivent maintenant faire face à la concurrence du commerce en ligne et aussi au léger regain des commerces de proximité. Sans oublier que la consommation des français n’est pas au beau fixe. La solution de la Famille Mulliez : Un centre commercial gigantesque déguisé en centre ludo-culurel, avec salles de spectacles, piscine géante et piste de ski artificielle, au cœur d’une zone agricole fertile, le Triangle de Gonesse entre les aéroports de Roissy et du Bourget...
Les chiffres donnent déjà le vertige : 3,1 milliards d’euros d’investissement pour accueillir au sein d’un complexe de 630 000 m2 l’équivalent du parc Astérix des galeries du centre Georges Pompidou, du palais des Congrès de Paris, du parc Monceau et des trois centres commerciaux situés à moins de 10 km (Aéroville, O’Parinor et Le Millénaire). Il y aura un parc nautique et des pistes de ski « indoor.
Jean Marc et Marion du collectif Pour le triangle des Gonesse au micro => {mmp3ex}www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/BCE160725.mp3{/mmp3ex}
- Le projet.
- La concertation, comme pour tout grand projet d’aménagement d’une ville, d’une région, comment ça se passe dans la réalité.
- Belle opération immobilière en perspective, puisque ce centre commercial n’est pas viable.
- Premier bilan : 26 Novembre 2015. Arnaud Mulliez, fils du fondateur du groupe, quitte la présidence d'Auchan France, afin de voguer vers ses projets personnels. Il avait lancé le projet Europacity pour la famille Mulliez.
- Europacity, des prévisions de fréquentation irréalistes, par Jean Gadrey.
- Bonus : La guerre du golf de Villenave D'ornon, Gonzague Mulliez, Les Attilas de la République
- Faites Labour, pas le Béton
TAC, Toute Autre Chose le quatrième Lundi de chaque mois, à 15h. Documents sonores glanés sur le web, avec ou sans commentaires, et pleins d’informations.
Le témoignage de Jean Marc et Marion est issu d’une émission de Radio libertaire, les amis d’Orwell, une autre radio libre
Le lien http://souriez.info/Vie-Auchan-ville-austere
COLLECTIF POUR LE TRIANGLE DE GONESSE – CPTG – Site officiel : http://nonaeuropacity.com/
Le fantasme d’Europacity
Une réponse, joyeuse, vivante, au fantasme de verrouillage d’une métropole de béton, conçu par quelques mercenaires, entériné par une poignée d’élu.es de la région Île-de-France, plat comme une circulaire administrative, et agité comme un agonisant. (Source Reporterre)
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Mirage aux emplois ? EuropaCity - Paye ton job
Un appareil de formation peu adapté aux besoins de la main d’oeuvre locale
Environnement : EuropaCity - Faites Labour, pas le Béton
Etude d’impact de la ZAC du Triangle de Gonesse
Démocratie & Débat Public - EuropaCity - Au delà du papier glacé
Bilan du débat public
Le Bêtisier d'Europacity, chapitre 1 - 18 déc. 2016 - Par J LORTHIOIS - Blog Médiapart
Un très grand nombre d'erreurs et contre-vérités ont été émises par les promoteurs d'Europacity, temple de la consommation et des loisirs, pour arracher l'autorisation d'implanter ce projet pharaonique sur les excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse, entre les deux aéroports de Roissy et du Bourget. Revue de détail du bêtisier de ce projet, prix Pinocchio "greenwashing" 2012
Chapitre 1 : UN CATALOGUE D’IMAGES D’EPINAL
Pour valider la construction de son projet pharaonique de centre commercial et de loisirs Europacity sur les excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse, Auchan ne recule devant aucun sacrifice pour vanter les mérites du projet qu’il prétend poursuivre à tout prix, quitte à bafouer la vraisemblance la plus élémentaire. Revue de détail sur la fabrication de « l’image » du projet par son entreprise porteuse, Alliages et Territoires, filiale d’Immochan, société immobilière d’Auchan.
Tour Eiffel sur pilotis
Sur la splendide maquette du projet Europacity réalisée par le cabinet d’architecte lauréat BIG, on aperçoit à l'horizon la tour Eiffel, qui se dresse dans toute sa grandeur. Un spectacle de rêve, immortalisé sur sa tablette par une touriste virtuelle.
Figure 1, site www.europacity.com
Figure 2, site www.nonaeuropacity.com (@Yann Guillotin)
Curieusement, l’appareil photo du Collectif pour le Triangle de Gonesse - qui s’oppose au projet Europacity -, emporté sur le site et même perché sur ses pieds, se révèle incapable d’embraser une vue panoramique aussi magnifique. Au réel, la tour Eiffel semble avoir rapetissé de moitié, cachée par une grande barre d’immeuble qui ne révèle que le dernier étage du célèbre monument (fig. 2). Mais rien n'est impossible au groupe Auchan (porté par la famille Mulliez, première fortune de France) grâce à son architecte magicien M. Bjarke Ingels, qui, dans son cahier des charges, a sans doute reçu pour mission de mettre la tour Eiffel sur pilotis, ce qui lui permettrait d’être visible depuis le site, dans toute son entière majesté.
Avions invisibles ou de la taille d’un colibri
Autre merveilleux miracle : le ciel de la maquette du cabinet BIG (fig. 1) est vierge de tout avion, comme si le Triangle de Gonesse s’était transformé en Triangle des Bermudes ! A Europacity semble régner un microclimat idéal : le ciel est perpétuellement d’un magnifique bleu layette, admirablement dégagé à toute heure même de pointe.
Dans ces circonstances, saluons le louable effort d’une once de vérité de l'Etablissement Public d'Aménagement Plaine de France, car un avion figure dans le paysage de l’affiche jointe (fig. 3) produite en 2013, dans le cadre d’une réunion dite de « concertation ». Toutefois l’effort reste mince : l’avion est seul et surtout minuscule, de taille inférieure au petit oiseau qui vole à ses côtés, sous un ravissant petit nuage de beau temps et les rayons d’un beau soleil !
Figure 3, EPA Plaine de France
Pourtant le site pressenti est bel et bien situé entre deux aéroports d’intense activité : Roissy, au 2e rang européen, 10e mondial avec 1700 avions/jour et Le Bourget 1er aéroport d'affaires d'Europe avec 160 avions/jour. Soit pour Roissy un avion toutes les 90 secondes en journée.A croire que les appareils arrivant à proximité del’aéroport volent en sous-sol…
Ciel continuellement limpide
Toujours sur la maquette d’architecte de la figure 1, nous observons un ciel sans nuage, d'où l'on admire en permanence cette vue imprenable sur la tour Eiffel vantée plus haut. Pourtant, comme le soulignent nos collègues dans la vidéo « Auchan, c’est méchant »[1] le nombre de jours d’ensoleillement relevé dans la ville voisine de Garges-lès-Gonesse est de 75/an, soit « 290 jours de pluie, brouillard, neige et couverture nuageuse ». Car le Triangle de Gonesse est longé par l'autoroute A1, axe le plus fréquenté de France (220 000 véhicules/jour à Saint-Denis) et enclavé entre deux aéroports, faisant des abords de Roissy la zone la plus polluée de la région après le boulevard périphérique, selon AirParif. D’où l’intérêt de conserver en zone urbanisée des terres agricoles cultivées qui jouent le rôle de « piège à carbone » et de dilution de particules. Mais contrairement à l’ambiance « purée de pois » saisie par la photo prise dans la semaine du 5 au 10 Décembre dernier (fig. 4)… dans le monde merveilleux d’Europacity ne règne apparemment aucun désordre climatique. Le ciel est d’un bleu perpétuel et comme dans le Candide de Voltaire « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».
Figure 4, site RTL, 5-10 décembre 2016
Bande-son coupée au montage
Et merveille des merveilles, non seulement on ne voit pas les avions, mais on ne les entend pas non plus, car sur la vidéo de propagande du site Europacity, les visiteurs se promènent dehors et flânent en toute tranquillité. Mieux encore sur l’affiche réalisée par l’EPA Plaine de France (fig. 3), une mère de famille pousse un landau avec un bébé qui semble profondément endormi. La réalité serait sans doute plus prosaïque : il hurlerait de toute la force de ses petits poumons, dérangé sans cesse dans son sommeil par le vrombissement des moteurs. Mais on a coupé la bande son. Pourtant le Triangle de Gonesse localisé sous les pistes de deux aéroports, est frappé par un PEB (Plan d’Exposition au Bruit) qui interdit la construction de logements sur son site. Ce qui n’empêche pas Immochan et les pouvoirs publics de parler abusivement de « quartier » et même de « ville » (fig. 3), alors qu’il ne peut exister de ville sans habitants ! Et qui envisagent sans rire d’y attirer 31 millions de visiteurs annuels, soit la totalité de tous les visiteurs des 300 parcs d’attraction français. Mais rien n’est impossible à la famille Mulliez qui a su obtenir le soutien du président de la République dans le cadre de l’élaboration du Grand Paris.
Soulignons pourtant que les résidants du territoire sont d’autant plus sensibles au bruit que Roissy est le seul grand aéroport qui ne possède pas de couvre-feu nocturne[2] (à l’inverse d’Orly par ex) avec un avion toutes les 3 minutes entre 22 H et 6 H du matin. Ceci en raison d’un « chantage à l’emploi » de la société américaine FEDEX (soutenue par les élus du Val d’Oise) qui effectue du fret aérien en nocturne et menace de quitter le site, en cas d’interdiction de vols de nuit, supprimant ainsi 3000 emplois. Chiffre surestimé puisque nous apprenons au détour d’un communiqué récent de FEDEX son projet de doubler son trafic, créant ainsi 200 à 400 emplois qui viendraient s’ajouter à… 2500 emplois existants. On mesure au vu de ces chiffres les gains de productivité accomplis par cette société qui avec 100% d’augmentation d’activité, ne génère que 12% d’effectif supplémentaire. Mais apparemment, Fedex serait la seule entreprise qui verrait sa productivité augmenter d'ici 2024. Car les prévisions d’emplois d’Europacity présentées lors du débat public établies en 2009 ne tiennent absolument pas compte de ce critère.
Redorer l'image du territoire
D’après les élus du Val d’Oise, grâce au projet Europacity, le département pourrait se débarrasser de son image de banlieue pauvre qui lui colle aux baskets. Ils rêvent d’un « effet Europacity » comme il y aurait eu un « effet grand stade » à Saint-Denis. C'est oublier que l’équipement en question s'appelle « stade de France » et que c’est ce titre qui prévaut auprès des touristes. De même, Eurodisney a accolé le terme Paris à son nom, se faisant baptiser « Disneyland-Paris ». Personne n’a jamais entendu parler de la commune de Chessy sur laquelle le parc de loisirs est implanté. Croire que la ville de Gonesse bénéficierait d’une célébrité soudaine et deviendrait mondialement connue des touristes étrangers relève d’illusions qui ont toutes les chances d’être aussi perdues que celles de Balzac.
Quand à l’image misérabiliste de pauvreté de l’Est du Val d’Oise, les élus en sont les premiers porteurs, croyant que de jouer les « pleureuses » leur permettra de récupérer moult aides nationales et européennes. Alors que la réalité s’avère beaucoup plus complexe : Roissy petit village de 2700 habitants et de 86000 emplois engrange des taxes juteuses, tandis que la commune voisine de Goussainville est une « commune-dortoir » très défavorisée[3].
Mais les images d’Epinal ont la vie dure, comme le mythe de « Roissy, manne d’emplois » qui continue à susciter les appétits des élus et l’admiration des pouvoirs publics (« ça fait des milliards » se réjouit M. Carenco, préfet d’Ile-de-France, dans une vidéo qui n’est sans rappeler la prestation de Louis de Funès dans La Folie des Grandeurs[4]), tandis que la « courbe de l’emploi » du pôle pique du nez (comme feu le Concorde) venant démentir cette vision idyllique. Mais n’anticipons pas sur le chapitre 2 du bêtisier d’Europacity : l’Emploi.
[1] Voir https://reporterre.net/5-minutes-d-une-video-detonnante-sur-le-fantasme-d-europacity
[2] Voir le site de l’ADVOCNAR qui lutte contre les nuisances aériennes et réclame des mesures anti-pollution : http://www.advocnar.fr/2016/12/communique-advocnar-pic-de-pollution-trafic-aerien-toujours-mis-a-contribution/
[3] Voir le texte « l’Est du Val d’OISE est-il un territoire pauvre ? » : http://nonaeuropacity.com/informer/territoire-banlieues/lest-val-doise-territoire-pauvre
[4] Voir sur le site www.nonaeuropacity.com/non-classe/grand-paris-quand jean-francois-carenco-fait-un-deni-de-democratie
MON VIEUX CENTRE COMMERCIAL
Parole et musique de Cyril Dymny www.mea.asso.fr
Album : Pire que mieux
Il avait poussé au milieu des champs
Un champignon d'acier de tôles et de ciment
Qui affichait mille enseignes sur des panneaux géants
Que dominait le bel oiseau rouge d'auchan
On y allait le samedi avec mes chers parents
Moi, je n'étais encore qu'un tout petit enfant
Et dans les galeries on rêvait en r'gardant
les vitrines garnies de trésors étonnants
Mais des gens sont venus
Qui pour faire de l'argent
Eurent l'idée saugrenue
que je redoutais tant
Ils veul'nt fermer mon vieux centre commercial
Ils veulent le fermer à tout jamais
Pour en ouvrir un autre plus monumental
Mais moins joli que celui que j'aimais
Ont dit qu'il n'étais plus assez rentable
On dit même qu'il était délabré
Notre époque est rud'ment impitoyable
Qui jet' ce qui est trop vieux, trop fané
Pour moi qui suis un vieux sentimental
J'en attrape des envies de pleurer
De cette fermeture imbécile et brutale
Je crois que je n'men remettrai jamais
. . . . . . . . .
L'air de Lille (Cyril Dymny-Denis Bruneel)
PROJET D’AUCHAN À GONESSE : DES PRÉVISIONS DE FRÉQUENTATION IRRÉALISTES, PAR JEAN GADREY, POUR ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES.
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2016/02/06/projet-d%E2%80%99auchan-a-gonesse-2-des-previsions-de-frequentation-irrealistes/
On le sait, la SEULE vraie justification publique derrière laquelle se retranchent les élus bétonneurs avocats de grands projets nuisibles, c’est l’emploi, lequel est directement associé à des prévisions de fréquentation lorsqu’il s’agit de grands projets commerciaux, de parcs, ou d’aéroports. On trouve aussi cet argument emploi pour d’autres coups tordus contre les peuples, dont les accords dits de « libre échange ». On n’y coupe pas pour ce projet du triangle de Gonesse.
Jacqueline Lorthiois, urbaniste et socio-économiste dans le privé et le public, membre du collectif qui s’oppose à ce projet, qui tient également un blog, a réalisé une étude que je vais résumer. De toute évidence, les espérances de fréquentation de ce site seront cruellement déçues, sans même parler d’un risque non négligeable de flop total, pour des coûts publics et privés gigantesques au départ (4 milliards d’euros), et qui resteront lourds ensuite.
Je mentionne aussi un excellent entretien qu’elle a accordé l’été dernier à Médiapart sous le titre « Grand bétonnage. Sur l’emploi, aucune promesse n’a été tenue ». Il ne s’agit pas seulement du triangle de Gonesse mais de la plupart des plus grands chantiers de la dernière période en France.
Voici son analyse très résumée.
EUROPA CITY : FAUT-IL CROIRE LES PROMESSES DE FREQUENTATION DONC D’EMPLOIS ?
I. TROIS EXEMPLES DE PROMESSES NON TENUES
En 1987, le premier parc d’attractions français est inauguré par J. Chirac. On vise 3 millions de visiteurs : la fréquentation annuelle moyenne ne dépassera guère 400.000. Après 5 ans de galère, Mirapolis fermera, avec 350 millions de pertes. Et pourtant, à l’époque il n’y avait pas la concurrence d’EuroDisneyland. Depuis 25 ans, le terrain viabilisé et les constructions en ruine sont à l’abandon. Une friche de 35 ha qui reste inutilisée, en plein cœur de l’agglomération de Cergy-Pontoise.
Questions : Quels sont les risques de transformation d’EuropaCity en friche d’activités ? Quelles conséquences écologiques irrémédiables d’une artificialisation des terres agricoles ?
Le centre commercial « My Place » à Sarcelles
Auchan a justifié cette implantation de 31500 m2 par la nécessité d’un centre commercial moderne, installé en périphérie, car le centre des Flanades en cœur de ville, géré également par Auchan, était jugé obsolète. La réalité des 700 emplois promis n’a jamais été prouvée. Le déclin des Flanades s’est accéléré : on a déshabillé Pierre pour habiller Paul. Au final, ce transfert d’activités a un bilan largement négatif : solde global d’emplois très inférieur, perte d’un foncier rare sur la commune de Sarcelles et allongement des déplacements.
Questions : Quelle(s) fermeture(s) les 500 boutiques d’EuropaCity pourraient engendrer dans les communes alentour, à Roissy (Aéroville), Aulnay-sous-bois (O’Parinor), Blanc-Mesnil (Plein-Air), Sarcelles (My Place) ? Quel gain final net en termes d’emplois ?
Le site de l’exposition universelle de Séville (Espagne)
Ce site créé pour l’exposition de 1992 avait aussi pour but de désenclaver l‘Andalousie. Il n’a jamais réussi sa reconversion en pôle de tourisme et de loisirs. 23 ans plus tard, le site offre un spectacle de désolation. On a fait « un coup », sans pérennisation dans la durée.
Question : Quelles chances de pérennisation d’EuropaCity, modèle de gigantisme démodé en période de récession ? Comment sont intégrés en période de fonctionnement les énormes investissements à réinjecter régulièrement pour maintenir la fréquentation du site ?
II. EUROPACITY : UN PRODUIT MAL DEFINI
II.1. Des hypothèses non vérifiées
Il n’y a eu ni étude de faisabilité ni analyse de ce qui se passe ailleurs. 3 ans avant l’ouverture, EuroDisney avait un cahier des charges très complet. Pour EuropaCity, on ne sait rien. L’estimation du cabinet Sémaphores n’a pas été réactualisée après la crise d’EuroDisney.
Un exemple : l’objectif de 50% de transports en commun. Quels leviers l’entreprise Immochan va-t-elle activer pour modifier la situation actuelle (10%) liée à l’éloignement, la segmentation de l’offre de TC, le caractère nocturne de l’activité, etc...
Question : Quelles garanties pour remplir les promesses listées dans le projet EuropaCity ?
II.3. Un contenu vague et non justifié
Le projet est présenté comme « mixte » : ce n’est « pas un centre commercial », ni un « parc de loisirs », ni un « pôle culturel » (payant) ; mais ce serait tout ceci à la fois. Pourtant, tout prouve le caractère commercial « principal » du projet. Pourquoi ?
A. Cela ne pourra pas être en priorité un centre de loisirs
30 millions de visiteurs représente la totalité de la fréquentation de TOUS les parcs d’attractions en France (il y en a environ 300) dont le plus gros, EuroDisney représente la moitié (15 millions) et le deuxième, le Puy du Fou atteint le modeste score de 2 millions !
Comment peut-on croire qu’on serait en capacité de DOUBLER le nombre de visiteurs de ces parcs en France ? Rappelons qu’EuroDisney qui plafonne à 14/15 millions de visiteurs (avec une perte de deux millions par rapport à 2013) représente la première destination touristique d’Europe. Il s’agit d’une marque connue, de films mondialement célèbres, de personnages et d’histoires adoubés par les enfants... Aucun de ces atouts pour EuropaCity !
Ces activités se démodant très rapidement, il faut sans cesse de nouveaux investissements pour une clientèle volatile. C’est une fuite en avant : les 3 milliards d’€ indiqués pour EC ne constituent qu’une mise de fonds initiale.
B. Cela ne peut pas être un centre « culturel » à titre d’activité principale.
Le France possède en plein cœur de Paris (1ère destination touristique mondiale) le musée le plus fréquenté du monde, Le Louvre (9 millions de visiteurs). En Province, le numéro 1 est le Louvre-Lens, au cœur d’un bassin très peuplé, qui a accueilli la première année (effet de curiosité) 900 000 visiteurs, mais ensuite plafonne entre 500 et 600 000. Comment Europacity qui ne possède aucune collection d’œuvres d’art prestigieuse pourrait rivaliser avec de tels lieux ?
Pour résumer : il existe en Ile-de-France une offre considérable qui en fait le 1er pôle culturel du monde et le 1er pôle de loisirs d’Europe. EC n’a pas la notoriété mondiale de Disney, ni l’attractivité du Louvre. Les étrangers préfèreront l’original à la copie : le véritable sourire de la Joconde à la fausse neige de la piste de ski ; le Triangle d’Or Bd Haussman/St Lazare/Champs-Elysées plutôt que le Triangle de Gonesse (et il n’y a pas un avion toutes les minutes au-dessus de vos têtes) ! Un tour opérator qui accueille des Chinois prévoit 2 jours à Paris et 1 jour au Mont Blanc. La piste de ski peut-elle rivaliser avec le mont Blanc ?
Les gens n’ont pas un porte-monnaie élastique, ni un temps élastique. Les touristes étrangers passent 3 jours en moyenne en France. S’ils vont à EC, ils n’iront pas à EuroDisney ou au Louvre. Il s’agit donc de vases communicants : la hausse de fréquentation au Puy du Fou a fait baisser la fréquentation à Disney.
C. EuropaCity est DONC forcément D’ABORD un hyper centre commercial
Bien qu’Immochan prétende le contraire, il est difficile de croire qu’un pôle de 500 boutiques visant plutôt le « haut de gamme » représentant 240.000 m2 de surface, soit 3 fois Aéroville à Roissy/Tremblay ou 2,6 fois O’Parinor à Aulnay sous bois... ne soit pas « un centre commercial ». Ce serait au contraire le plus gros centre commercial d’Ile de France.
Les seuls équipements qui dépassent 30 millions de visiteurs sont deux centres commerciaux : le Forum des Halles (47 Millions) et les Quatre-Temps à la Défense (40 millions).
Est-ce qu’il existe encore en Plaine de France qui croule sous les centres commerciaux une demande supplémentaire de centre commercial de grande taille alors qu’on constate une désaffection du public pour ce type d’équipement ? Les derniers nés en IDF accusent un écart notable entre les chiffres relevés et les prévisions de fréquentation.
Nous sommes aujourd’hui dans une période de récession de l’attraction des grandes surfaces (-5,7% en 2014) encore renforcée récemment par les problèmes de sécurité. Et le territoire de Roissy n’échappe pas à cette tendance générale.
II.3 Aucune analyse de besoins
Les besoins de la population locale n’ont pas été étudiés. Au prétexte qu’il s’agissait d’un « concept nouveau », on n’a réalisé aucune étude de marché. On a fait phosphorer un Comité technique baptisé pompeusement « scientifique » que l’on a fait rêver... Toute la question est d’estimer l’attractivité du Triangle de Gonesse sur une clientèle parisienne et étrangère « difficile » parce que disposant d’une des offres les plus denses du monde en cœur d’agglomération.
Questions : Qu’est-ce qui pousserait cette clientèle à s’expatrier en périphérie ? Comme le Triangle de Gonesse est interdit à l’habitat, 100% des visiteurs viendraient de l’extérieur. Quel bilan carbone de ces 60 millions de flux (supposés) ? Sans compter les flux logistiques générés par les activités et les 11.500 travailleurs (supposés eux aussi).
AUTRES LIENS AFIN DE S’INFORMER :
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/biens-d-equipement-btp-immobilier/le-groupe-auchan-s-allie-avec-une-entreprise-chinoise-pour-son-projet-de-parc-europacity-554258.html
http://www.leparisien.fr/gonesse-95500/europacity-l-autorite-environnementale-emet-des-reserves-03-03-2016-5596013.php
CENTRE COMMERCIAL PHARAONIQUE : EST-CE BIEN NÉCESSAIRE ? France 5.Entourés d'experts, Maya Lauqué et Thomas Isle s'intéressent aux initiatives concernant les nouvelles formes de consommation collaborative. Chaque jour, un grand dossier est abordé et des conseils sont prodigués. L'émission se prolonge sur les réseaux sociaux et sur Internet pour permettre aux téléspectateurs d'y participer.
LA GUERRE DU GOLF DE VILLENAVE D'ORNON, GONZAGUE MULLIEZ
La Zad de Villenave évacuée, les zadistes toujours motivés
http://rue89bordeaux.com/2016/07/la-zad-de-villenave-evacuee-les-zadistes-toujours-motives/
L’expulsion on s’y attendait. On avait planifié le départ des lieux. Ce n’était plus viable après une série d’interpellations. » Alexandre Mahfoudhi a été l’un des occupants de la zone à défendre sur le terrain qui doit accueillir le projet de golf à Villenave-d’Ornon. Il a quitté le site depuis son interpellation.
Ses camarades ont suivi. Dans un communiqué, ils indiquent que, mercredi dernier :
« Une seule personne [a été] évacuée grâce [sic] au déplacement de dix fourgons de gendarmes mobiles (80 à 100 gendarmes) : aux grands maux les grands remèdes. »
Malgré tout, cette intervention ne les décourage pas. Ils prévoient déjà de repasser sur les lieux ce samedi pour une matinée de nettoyage des déchets dès 10h, puis d’accueillir à 19h l’assemblée de Nuit Debout. Leur mois de juillet sera aussi ponctué le 20 d’une soirée de soutien au salon de thé le Samovar à Saint Michel, et le 28 d’une projection débat à l’Utopia autour du film « La guerre du golf« .
Procès
Le 29 juillet 2016, Alexandre Mahfoudhi devra se rendre à son procès. Accusé d’agression en réunion avec arme (de la boue et des pierres) et ayant provoqué 10 jours d’interruption temporaire de travail à un conducteur de tractopelle, il est en liberté conditionnelle avec interdiction de se rendre à Villenave-d’Ornon. Il développe par ailleurs une version des faits différente. Il rapportait à Rue89 Bordeaux :
« Ce 24 juin, alors que les engins se préparaient à intervenir sur le chantier, neuf d’entre nous se dirigent vers un tractopelle. Le conducteur de l’engin a accéléré en faisant tournoyer sa grande pelle. Il a peut-être voulu nous faire peur mais il a pris des risques considérables. On a frôlé la catastrophe. L’un de nous a porté plainte le jour même. Lundi, deux autres qui ont voulu faire de même ont été refoulés par les policiers. »
Les Attilas de la République par olivier cabanel mardi 5 juillet 2016
http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/les-attila-de-la-republique-182577
Ils font souvent leurs coups en douce, disposant de moyens financiers considérables, d’appuis solides dans le monde politique, et de lobbyistes efficaces qui leur permettent de mener à bien leurs projets dévastateurs.
Qu’on en juge par le scandale dévoilé, entre autres, par Fabrice Nicolino, consistant à la création d’un golf, constitué en partie de la zone Natura 2000 de la région de Bordeaux.
C’est un vaste périmètre bordant la Gironde, au sud de Bordeaux, à Villenave-d’Ornon, constitué de prairies humides et d’étangs, où survit entre autres le rare vison d’Europe et probablement beaucoup d’autres espèces menacées. lien
Eric Bez, fils d’un certain Georges, lequel s’était illustré dans le monde du Foot Bordelais, avait profité des largesses du patron de la CUB (Communauté Urbaine Bordelaise), Chaban-Delmas, lui permettant d’acquérir pour une poignée de figues 96 hectares, élargissant son acquisition en achetant 112 hectares supplémentaires, auprès de propriétaires privés...ce qui a fait grincer les dents de la chambre régionale des comptes qui, en 1993 écrira : « la CUB s’est dessaisie d’un élément important de son patrimoine qui avait vocation à être aménagé dans un but d’intérêt général. En outre, la commune (Villenave-d’Ornon) a directement contribué au détournement de la vocation initiale de ce terrain au profit d’une opération de promotion immobilière ».
Le projet du rejeton Bez est limpide : créer un golf, construire 1500 logements, et un parc d’affaire...
Il est amusant de constater que le promoteur assure que « la vaste zone naturelle exceptionnelle sera aménagée en golf écologique »...mais combien d’espèces menacées resteront sur la zone après le passage des bulldozers « écologiques » ?
Heureusement, les tribunaux veillaient et l’ont poursuivi...sans résultat au final, puisque le gourmand promoteur obtiendra un non lieu.
L’inquiétude ne l’ayant pas quitté, Bez revendra finalement son joli terrain à un groupe immobilier turco-belge (Vizzion) lequel a été racheté par la famille Mulliez (Auchan, Decathlon, Saint-Maclou) qui représente 80 milliards de chiffre d’affaire annuel.
Même si la justice à lancé des perquisitions, soupçonnant le consortium Mulliez de fraude fiscale, ce qui pourra lui valoir des redressements conséquents, le projet ira à terme à moins qu’une opposition citoyenne ne s’active, soutenant ainsi la poignée d’opposants du cru déjà en place.
C’est d’autant plus navrant, qu’outre les espèces menacées, la zone concernée fait office d’éponge lors des crues de la Gironde, et les inondations prochaines risquent de se rappeler au souvenir des gourmands promoteurs.
Alain Juppé, le célèbre maire de Bordeaux, le meilleur d’entre nous, dixit Chirac, candidat aux primaires de la droite, ne semble pas s’y intéresser, alors qu’il clame régulièrement sa fibre écologique.
Ce qui demande à être prouvé, car, même si Cohn-Bendit affirme qu’en 2017, « il choisira le moins pire », la couleur verte du candidat bordelais est plutôt pâlichonne.
Bien sur, il s’affiche dans les médias à cheval, ou en vélo, devant un bout de gazon, mais au-delà de quelques réussites, reprenant le projet de tram de l’association Transcub, et développant « les vélos prêtés », le taux de recyclage des déchets urbains de la ville ne passe pas la barre des 15%, la gestion de l’eau, confiée à la Lyonnaise de l’Eau, annonce un prix champion avec 3,30 € le litre, même si l’élu promet, par un coup de baguette magique de diviser la consommation de l’eau par 2.
Mais revenons au golf « écologique »...
Heureusement Noel Mamère a pris position en signant pour l’instant un communiqué de presse dénonçant le projet de golf.
Pourtant il y a urgence, les bulldozers sont déjà là, mais n’ont pas encore tout massacré.
On peut contacter les opposants par mail : plantation@ riseup.net.
Cette lutte s’ajoute aux autres, déjà plus ou moins bien connues...Notre Dame des Landes, pour laquelle les opposants ne baissent pas les bras, invitant tous les citoyens à les rejoindre les 9 et 10 juillet prochain.
Ils affirment : « cette consultation qui nous a été imposée n’est qu’une étape dans notre lutte, le cadre était biaisé, basé sur des mensonges d’état ».
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Auchan maintient son projet pharaonique EuropaCity en région parisienne, mais doit revoir sa copie, Lien
La Voix du Nord, le 13/09/2016
Nous qui pensions naïvement que les centres commerciaux de V2, Englos-les-Géants ou Noyelles-Godault étaient déjà des « temples » surhumains de la consommation... Mais ce n’est rien en comparaison de ce qu’Auchan, ou plus exactement sa filiale immobilière Immochan veut bâtir en 2024 au nord de Paris, à 7 kilomètres de l’aéroport Charles-de-Gaulle, sur les terres du « triangle de Gonesse ».
Même Las Vegas ou Dubaï n’auront pas l’équivalent d’EuropaCity : le plus grand complexe commercial et de loisirs au monde, 80 hectares où se déploieront 500 boutiques et commerces sur 230 000 m2, 2 700 chambres d’hôtel, un cirque de 2 500 places, un parc aquatique, des pistes de ski d’intérieur, un parc d’attractions de 150 000 m2, une ferme urbaine...
De quoi attirer 31 millions de visiteurs chaque année (deux fois plus que Disneyland Paris !), et faire travailler 11 800 personnes selon l’argumentaire d’Alliages & Territoires, la filiale d’Immochan, porteur du projet. EuropaCity nécessitera 3,1 milliards d’euros d’investissement.
Après plusieurs mois de concertation, la Commission nationale du débat public vient de rendre son rapport demandant à Auchan « d’amender » son projet. Il est vrai qu’EuropaCity, par son gigantisme, est forcément un projet clivant. Les protecteurs de l’environnement s’érigent contre la destruction programmée de centaines d’hectares de terres agricoles. Les élus de la Seine-Saint-Denis s’inquiètent de la fragilisation possible des autres structures commerciales du secteur face à un tel mastodonte. D’autres voix ironisent sur la prétendue « dimension culturelle » de ce complexe qui sera avant tout dédié à la consommation.
Face aux enjeux économiques du projet (plus de 30 millions d’euros d’études ont déjà été dépensés), Auchan, par la voix de Christophe Dalstein, directeur d’Alliages et territoires, le maître d’ouvrage d’EuropaCity, a annoncé « qu’il tirerait les enseignements » des réflexions du débat public, mais que le projet était bel et bien maintenu pour 2024. On n’arrête pas le 11e acteur mondial de la distribution dans son projet le plus fou...
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