TORRE LATINO FÊTE SES 10 ANS ! Focus sur son animateur (rédigé par Imane Rachati)
Cette année, votre radio campus a cinquante ans. Quoi de mieux pour fêter son anniversaire comme il se doit, que de faire plus ample connaissance avec ses animateurs, moteur du média. Cette année, en plus du cinquantenaire, certains d’entre eux ont le plaisir de célébrer les dix ans de leur propre émission. Jero fait partie du lot. J’ai donc eu le plaisir de m’entretenir avec lui pour réaliser une sorte d’introspection sur le travail accompli durant ces nombreuses années. Retour sur le parcours de Jeroramin BARRIOS SAMANO et l'ampleur de Torre Latino, l’émission dédiée à l’Amérique latine qui fête sa première décennie, et je n’espère pas la dernière.
Comme c’est le cas pour ses collègues, Jero n’a pas suivi de formation bien spécifique pour être animateur radio. Son parcours est plutôt atypique. Originaire du Mexique, il se lance dans le monde de l’architecture après avoir fait des études dans cette branche. Puis, son envie de découverte le pousse à parcourir le monde. De retour dans son pays, les tensions politiques et sociales ne lui ont pas laissé d’autres solutions que de s’établir définitivement en France. Restant dans le domaine de l’architecture et du bâtiment, il ne se doute à aucun moment qu’il finira par toucher l’univers de la radio d’ici peu. Quitter le Mexique n’a pas fait disparaître son engagement pour autant. Au contraire. Jero veut toujours défendre ce en quoi il croit et lutter contre les pressions dictatoriales dont son pays est victime. Sa seule façon d’exister en arrivant en France, confus et sans repère, est d’entrer au sein d’une association en faveur de la diffusion de la culture latine : Colores Latino. Grâce à cet engagement associatif, Jero peut faire entendre ses idées, s’exprimer et lutter pour des valeurs démocratiques qu’il souhaite être mises en place au Mexique. Continuer à garder un lien avec son pays lui tient beaucoup à cœur, il se réjouit donc de pouvoir transmettre les richesses de l’Amérique latine à qui veut. Cette association lui a permis de connaître davantage à propos du continent sur lequel il a passé la majeure partie de sa vie. Il découvre également des choses insoupçonnées sur son propre pays, le Mexique. Rentrer dans le monde associatif est sa manière à lui d'exister après les épisodes complexes qu'il a traversé. Il a pu ainsi "militer pour sensibiliser les gens de Lille" sur la situation politique du Mexique. Il a pu lutter contre les préjugés réducteurs véhiculés sur les latinos et exposer une vision réaliste des pays de l'Amérique latine : riches, tendant à la modernité avec leur nouvelle scène électro, les mouvements d'art émergents, la lutte indigène et sociale... Faire connaitre ces aspects inconnus est primordial pour lui.
Il se trouve qu'un des membres de l'association Colores Latino avait une émission qui traitait exclusivement de l'Amérique latine, mais en 2008 il décide de quitter son poste après dix ans de loyaux services. Jero se dit alors qu'il est inconcevable que le seul créneau dédié à ses racines, disparaisse. Il veut perpétuer cette action militante en parlant de son continent favori, et en donnant la parole à des acteurs de l'ombre. Il se lance alors en 2009 dans l'animation radio, au sein de Radio Campus pour garder en vie cette émission d'intérêt général. Il nomme son émission "Torre Latino" en référence au plus grand gratte-ciel construit à Mexico, composé d'une antenne : petit clin d’œil à la radio, symbole de l'horizon et réponse à l'image du beffroi lillois. Faire de la radio à côté de son métier "classique" n'était absolument pas dans ses projets mais c'est devenu une nécessité pour que les latinos de Lille ne perdent pas l'opportunité de s'exprimer et de rendre populaires les choses qui constituent leur identité. La passion de l'animation est venue avec le temps.
Il apprend, aux côtés de ses collègues, eux aussi animés par l'amour de cette fonction, tout le côté technique de l'univers radiophonique. Radio Campus n'est pas une simple radio universitaire et bénévole pour l'animateur. Son existence dépasse la diffusion de la culture et du militantisme. En effet, le fait que ce soit une radio libre n'exempte pas l'équipe de certaines régulations mais fait de la liberté le maître mot de la radio. Liberté éditoriale, artistique, d'expression, de contenu... Pour Jero, c'est une radio plurielle, sans pub, dont la priorité est la diversité à tout niveau. Quitter la radio en quête d'autres médias ou vers d'autres horizons professionnels semble impensable pour lui. Il y a trouvé des collègues aimants, une ambiance, une place. C'est avant tout un "regroupement humain, un collectif, une équipe", comme il l'a mentionné à plusieurs reprises lors de l'entretien. Après dix ans à l'antenne, il s'est posé la question, comme son prédécesseur : "est-ce le temps pour moi de partir ?" Il décide pourtant de rester, de continuer à faire évoluer le projet Radio Campus grâce à sa place au Conseil d'Administration. Il décide de rester pour les valeurs véhiculées par la radio, composée de personnes "drôles, engagées, avec un humanisme profond", qu'il considère presque comme sa famille. Cette expérience demeure très enrichissante, même une décennie après son arrivée. L'émission permet à Jero de toucher le plus de personnes possibles, de donner à la prise de parole un sens plus politique. Elle a également une visée pédagogique à travers des partenariats avec divers collèges et lycées pour parler Amérique latine et radio de façon ludique, à travers différents ateliers mis en place.
Lors de l'interview, il mentionne certains de ces invités avec qui il a partagé de très bons moments, en souvenirs du travail accompli pendant toutes ces années. Il évoque par exemple Marina Las Yegros, qu'il a pu interviewer en direct de son concert. Il décrit certains moments marquants comme l'affaire Florence Cassez, la venue de Maffao, toutes les fois où il a eu le plaisir de présenter des albums d'artistes locaux comme Tonio Almeida, le cinquième anniversaire de Torre Latino en compagnie de tous ses camarades la radio, le festival de Choro de l'année dernière qu'il gardera toujours en mémoire... Pour l'avenir de la radio, une multitude de projets réside en son esprit. Il souhaite exploiter la richesse de Radio Campus et améliorer certains aspects de son émission. Il rêve également d'organiser un festival ce qui représente beaucoup de coûts pour l'instant. Pour le moment, il s'investit beaucoup dans divers projets comme sa collaboration avec Lille 3000 dans le cadre des cinquante ans de Radio Campus et ses partenariats avec des collèges et lycées pour dépeindre la vraie image de la radio. Il la qualifie de "média important" car intrusif, présent dans notre quotidien, qui construit des images à la manière de la poésie qui dépeint des illustrations chez leS lecteurs. Il souhaite donc introduire ce parallèle, ce sens poétique chez les plus jeunes en organisant des visites de la radio ou des rencontres.
Pour marquer le coup, il envisage une petite fête, avec comme invités plusieurs artistes latino-américains. Il a également fait un live de 19h à minuit le vendredi 10 mai, que vous pourrez trouver à la fin de l'article. Dix ans maintenant que Jero cumule deux postes à responsabilités, mêlant métier traditionnel et véritable passion, même si concilier les deux peuvent parfois être compliqué. Dix ans qu'il peut être considéré comme le "gardien du micro-latino ». Voilà donc une décennie qu'il fait partie intégrante de la radio, qu'il constitue un moteur pour Radio Campus, avec l'aide de ses collègues passionnés. Dix ans mais on lui souhaite de rester encore dix ans de plus !
Pour écouter l'éùission, c'est ici: {mmp3ex}www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/2019-05-10/Campus_live_10-05-2019_21h00.mp3{/mmp3ex}
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