CE LUNDI 23 JUIN 2014 à 15 h CONTRE-COURANT
« 1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité. » (Déclaration universelle des droits de l’homme, article 15).
« Il n’y avait pas de Palestiniens. […] Ils n’existaient pas. » (Golda Meïr, Premier ministre d’Israël, 15 juin 1969). Ils existaient si peu qu’il a fallu les tuer par milliers et en expulser par la force des centaines de milliers, puis détruire leurs villes et leurs villages, pour prendre leur place !!
Les deux essais de Rashid Khalidi, L’identité palestinienne. La Construction d’une conscience nationale moderne (1997) et La Palestine. Histoire d’un État introuvable (2006) démontrent, grâce à un minutieux travail d’archives, que ce mensonge éhonté fut sciemment proféré, et font la preuve du monstrueux négationnisme que constituent cette affirmation et tant d’autres de même facture.
L’émission aborde aujourd’hui une réalité qui pour être si souvent niée n’en a pas moins existé, et continue évidemment d’exister, malgré tous les revers subis, puisque cette réalité c’est l’identité palestinienne. Ce parcours suit les analyses proposées par deux livres de l’universitaire américain d’origine palestinienne, Rashid Khalidi. Le premier de ces essais, à la fois historiques et sociologiques, est intitulé précisément L’identité palestinienne, et il est paru en 1997 ; le second, Palestine, Histoire d’un État introuvable, a été publié en 2006. Pour écrire L’Identité palestinienne, Khalidi s’est appuyé sur les archives, sur la presse, sur l’itinéraire de quelques hommes politiques marquants. Il montre surtout que cette identité, comme ce fut le cas pour toute autre nation, a une histoire assez complexe, dans la mesure où elle s’alimente à des sources diversifiées. Le grand orientaliste américain, lui aussi d’origine palestinienne, Edward Saïd, a insisté sur l’importance de ce livre : « L’étude approfondie que fait Khalidi de la construction de l’identité nationale palestinienne est une œuvre pionnière de première importance. C’est le premier livre dont la prémisse est que cette identité existe dans les faits, et qui en dévoile les strates croisées, les phases historiques et les tragiques défaites, avec une parfaite connaissance de la bibliographie et des sources arabes, hébreues et occidentales. » Le sous-titre du livre, La Construction d’une conscience nationale moderne, indique assez combien une identité nationale est sans cesse à remettre sur le métier, parce qu’elle est sujette, bien entendu, à des fluctuations, en fonction évidemment de la situation internationale, des rapports de force intérieurs et extérieurs, mais elle n’en conserve pas moins en quelque sorte un noyau dur, qui traverse toutes ces fluctuations en renvoyant à des références, si ce n’est immuables, du moins très solides. C’est l’histoire même d’un peuple qui forme cette identité nationale. Et combien elle dut et doit être forte pour les Palestiniens, cette conscience de former un peuple, puisque en dépit de vicissitudes que peut-être aucun autre peuple au monde a subies — cette terrible colonisation de peuplement qui se poursuit aujourd’hui encore impitoyablement, jusqu’à la folie, pourrait-on presque dire — en dépit de ces conditions d’oppression implacables, cette conscience nationale palestinienne se maintient.
Ce qui, en revanche, fait de plus en plus douloureusement défaut à ce peuple, c’est évidemment l’existence d’un État, un État digne de ce nom, un État indépendant, de pleine et entière souveraineté. Et c’est tout le sujet du second essai évoqué, Palestine. Histoire d’un État introuvable. Depuis que l’ONU, après la Nakba de 1948, a accordé au peuple palestinien le droit de vivre dans un État indépendant, cet État n’existe toujours pas. Et le livre fournit les raisons de cette absence inouïe.
Bibliographie :
• Rashid Khalidi, L’identité palestinienne. La Construction d’une conscience nationale moderne [1997], La fabrique éditions, 2003.
Palestine. Histoire d’un État introuvable [2006], Actes sud, 2007.
Pauses Musicales :
• Nai Barghouti, Concert donné à l’ONU, le 25 novembre 2013, à l’occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.
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