À Arras, le festival Provox 2025 a donné la parole à une jeunesse décidée à ne plus être spectatrice. Engagement citoyen, solidarité, droits de l’enfant et participation démocratique : retour sur une journée où les jeunes ont fait entendre leur voix —haut et fort.
« On n’est pas les citoyens de demain. On est les citoyens d’aujourd’hui. » Cette phrase, lancée par un participant lors du festival Provox 2025, résonne comme un cri d’alerte… et d’espoir. Le 16 mai dernier, plus de 600 jeunes se sont réunis à Arras pour une journée entièrement dédiée à leur engagement citoyen. Entre ateliers participatifs, débats publics et moments de création artistique, la jeunesse a démontré qu’elle ne voulait plus attendre pour agir.
Organisé avec le soutien du CRAJEP, du CRASEP et de nombreux partenaires institutionnels, l’événement marque une étape forte dans la reconnaissance du rôle des jeunes dans la vie publique. Derrière l’effervescence de cette journée se cache toutefois une réalité plus sombre : celle d’un tissu associatif en souffrance. Stéphane de Poilly, directeur du Crasep, a tiré la sonnette d’alarme : « Une association sur deux est en difficulté économique. C’est une catastrophe silencieuse. »
Face aux coupes budgétaires, certaines structures n’ont d’autre choix que de réduire leurs cotisations à un euro symbolique. Pourtant, malgré ces défis, des territoires comme la région Hauts-de-France continuent de croire au potentiel transformateur des jeunes.L’engagement local, notamment dans les zones rurales, prouve qu’avec peu de moyens mais beaucoup de volonté, il est possible de construire du lien social et de faire émerger des projets concrets.
Tout au long de la journée, les jeunes ont pu s’exprimer sur des sujets clés : écologie, logement, inclusion, mobilité, participation démocratique. L’atelier sur les droits de l’enfant, coanimé par l’UNICEF et ses jeunes ambassadrices, a particulièrement marqué les esprits. Marie et Salomé, lycéennes engagées, ont insisté sur la nécessité de passer de l’écoute symbolique à une réelle prise en compte des propositions. « On est souvent entendus, mais rarement écoutés », regrettent-elles.
Autre temps fort : la présence de Martin Chauve de l’IREV, venu parler de la prévention des radicalités sociales. Selon lui, le sentiment d’invisibilité est un moteur majeur de repli et de rupture. « Donner la parole aux jeunes, c’est prévenir avant de devoir guérir. »
Le festival n’a pas été qu’un lieu de parole : il a aussi offert des outils d’action. Jeux pédagogiques sur la citoyenneté, projets européens via Erasmus+, initiatives intergénérationnelles… Chaque espace invitait à passer de l’idée à l’engagement. La soirée “jeunes talents” a clôturé l’événement sur une note festive, rappelant que la culture est elle aussi un vecteur d’émancipation.
Provox 2025 aura été bien plus qu’un simple événement : un manifeste vivant de ce que pourrait être une démocratie plus inclusive, où la jeunesse ne serait plus un sujet d’étude, mais un acteur à part entière. Les élus présents se sont engagés à intégrer les conclusions du festival dans leurs politiques locales.
Reste à voir si ces promesses seront tenues.Dans un monde en mutation, marqué par les incertitudes et les fractures sociales, la jeunesse ne demande pas à être sauvée. Elle demande à être reconnue. Et si l’on veut vraiment construire un avenir durable, il est peut-être temps de l’écouter pour de bon.
Écouter le Replay ici : Provox 2025 : Episode 1 Provox 2025 : Episode 2 Provox 2025 : Episode 3 Provox 2025 : Episode 4
Cet article s’inscrit dans le cadre de l’émission "ÉCHOS DES ONDES", diffusée chaque 4éme mardi du mois sur radio Campus Lille.de 16:00 à 17:00 et en marge de la coopération entre les radios associatives du Nord de la France ( FRANF). À travers cette chronique, nous prolongeons notre exploration de l’actualité culturelle locale, mettant en lumière les initiatives, les créations et les voix qui font vibrer notre radio et le territoire.
|Par Petrouchka
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