Les enfants qui vivent sur l'Aire d'Accueil des Gens du Voyage de Hellemmes/Ronchin, ont fait un journal , le TERNENGO. A cette occasion ils ont été reçus à Radio Campus pour une visite commentée. Ils nous livrent leurs impressions.
Pour nous, la radio, c'est surtout de la musique, qu'on écoute dans la voiture le matin. Quand on entend quelqu'un parler, c'est souvent pour parler de musique ou proposer des jeux. Parfois, on entend les informations. Pour savoir comment ça se passe derrière un micro, nous sommes allés assister à une émission de radio. L'émission que nous allons voir s'appelle « La matinale », car elle a lieu très tôt le matin, entre 7h et 9h. Nous nous levons avant le soleil pour y aller, il fait encore nuit mais nous sommes prêts quand arrive le minibus. Après un chocolat chaud, nous montons dedans, direction Villeneuve d'Ascq.
Sur le campus de l'université Lille 1, le bâtiment est facile à trouver : il y a une grande antenne au-dessus, pour diffuser la radio ! En haut d'un escalier, sur une porte jaune, on reconnaît le logo de Radio Campus : un petit bonhomme joyeux, avec un micro et un casque.
On pousse la porte et on entre dans un salon avec des canapés, un petit bar, des étagères remplies de disques et de journaux. Il y a surtout une grande vitre renforcée. A travers, on peut voir le studio de radio. L'émission vient de commencer. Ça ressemble aux vidéos d'émissions qu'on peut voir sur internet. Ils sont 7 jeunes, assis autour d'une table, chacun devant un micro. Ils portent un casque sur les oreilles. Devant eux, on voit des ordinateurs, des boutons, des feuilles de papier sur la table. Depuis le salon, nous pouvons observer comment ça se passe. On peut écouter aussi : l'émission est diffusée en direct par des haut-parleurs. De notre côté de la vitre, on peut discuter comme on veut, ils ne nous entendent pas.
Chacun à notre tour, nous entrons dans le studio pendant l'émission, pour voir de plus près. Au bout de la table, il y a Théo, le régisseur. Il a devant lui une série de boutons : certains glissent vers le haut ou le bas, d'autres sont transparents comme du verre et s'allument quand on appuie dessus. A côté de lui, il y a un ordinateur. C'est Théo qui s'occupe de monter ou descendre le son des micros et de passer la musique, les reportages enregistrés et les jingles. Derrière lui, on aperçoit un autre studio, plus petit, qui sert à enregistrer des émissions qui seront diffusées plus tard.
En face de Théo, au bout de la table, la présentatrice s'occupe de donner la parole : c'est Salomé. Elle présente l'émission et chacun de ceux qui vont parler dans leur micro : « Bonjour à tous, vous écoutez 106.6, Radio-Campus, il est 8h27... »
L'un après l'autre, les jeunes journalistes prennent la parole. « Quelqu'un s'occupe de l'actualité de la journée, des informations régionales, nationales et internationales : c'est le flash info », nous explique Oredane, la secrétaire de rédaction. « Quelqu'un d'autre fait une revue de presse, il va parler de ce qu'on peut lire dans les journaux, les titres de la presse. Une autre va parler de la météo, des embouteillages, des concerts, etc., c'est ce qu'on appelle les infos pratiques. Et puis, pour chaque émission, il y a une thématique. Par exemple ce jour-là, on parle des étudiants qui doivent partir loin de chez leurs parents pour suivre leurs études et comment ils gèrent cette distance. Pour en savoir plus, Malo est allé poser des questions aux étudiants car il y en a beaucoup qui viennent de loin pour étudier, et il les a enregistré avec un micro : c'est ce qu'on appelle un « micro-trottoir ».
A un moment, Marissa et Bryan mettent un casque sur les oreilles : on entend ce qui passe en direct. Là, c'est de la musique. Devant les micros, il y a un rond noir, pour éviter les bruits quand on tousse. Au milieu de la table se trouve une lumière rouge. Elle est éteinte, ce qui veut dire que les micros sont coupés. On peut discuter sans que ça s'entende. Et si on veut aller aux toilettes, c'est le moment !
À la fin de la chanson, Théo le régisseur compte : 4, 3, 2, 1. La lumière rouge s'allume. Autour de la table, il ne faut plus un bruit ! Une seule personne peut parler à la fois, dans son micro. Tous les micros sont numérotés, pour que Théo sache lequel il doit allumer sur sa console qui contrôle la musique et le son.
Pour parler au micro, il faut se tenir bien assis. Il faut bien articuler et essayer d'avoir un « ton radio », une façon de parler différente de tous les jours.« Il y a des gens qui ont naturellement un "ton radio", c'est-à-dire que leur voix passe bien à l'antenne, explique Salomé. Bien parler, c'est quelque chose qui peut s'apprendre à l'école de journalisme. Au début, comme on a énormément de stress, on prépare tout à l'écrit et on lit tout pour ne pas être pris au dépourvu. Après, il y a des gens beaucoup plus à l'aise qui arrivent à improviser mais généralement, on préfère écrire ce qu'on va dire pour éviter les blancs et les trous de mémoire ».
Parfois, ils se trompent ou il y a des problèmes. A un moment de l'émission, l'ordinateur refuse de passer un reportage enregistré. Il y a un blanc de quelques secondes. « Ça arrive parfois. Dans ce cas-là, il faut réagir vite », explique Théo, « il faut passer de la musique tout de suite, ou reprendre la parole ».
L'émission est terminée, les étudiants sont repartis et il n'y presque plus personne dans le studio : Radio Campus diffuse de la musique qui a été programmée à l'avance. Avant de partir, un responsable de la radio nous offre une boisson et des autocollants, puis c'est le retour en minibus. Le soleil s'est levé, la radio passe, c'est "It's gonna be all right", une chanson qu'on aime bien : on monte le son !
De quelles informations vous parlez, celles du Nord ou celles du Sud ?
Loredane : Radio Campus, c'est une radio locale. Du coup, on va parler de ce qui se passe en France et dans le Monde, mais surtout on va parler de ce qui se passe dans la région. On doit se tenir au courant de l'actualité tous les jours. Après, on choisit les informations qui ont l'air les plus intéressantes. L'idée, c'est de tenir les gens informés.
À quelle heure vous vous réveillez ?
Loredane : Pour l'émission de 7h, il faut se lever vers 5h30 pour être à l'heure. Par contre, la personne qui fait le flash info, elle doit se lever plus tôt, parfois à 4h du matin, pour préparer et écrire ce qu'elle va dire, parce qu'il y a des infos qui sont arrivées pendant la nuit.
Pourquoi vous faites cette émission ?
Salomé : On fait cette émission depuis la rentrée scolaire de septembre car nous sommes en école de journalisme. Comme c'est le matin, on peut aller à l'école après l'émission. A la fin de l'année, on va devoir rendre un dossier sur lequel on va être notés.
Pourquoi est-ce que vous voulez devenir journaliste ?
Loredane : Pour la proximité avec les gens, transmettre leur parole et leurs idées à une plus grande échelle et bien sûr, aider les gens à s'informer correctement.
Comment vous gérez votre trac ?
Salomé : Au début, c'est très compliqué, puis avec le temps, ça va mieux. Pour moi, ce sont les autres qui m'ont aidée à être plus à l'aise, car on se soutient et qu'il y a un bon esprit d'équipe. Maintenant, on prend un plaisir de dingue.
Est-ce que c'est difficile de s'occuper de la technique ?
Théo : Pour l'enchaînement, je trouve qu'on doit faire beaucoup de manipulations en même temps. C'est la coordination qui est compliquée. Si on se trompe à la régie, ça s'entend directement à la radio donc il faut être bien concentré. J'y arrive plutôt bien, alors des fois, j'aide les autres.
Qui vient faire de la radio ici ?
Théo : Radio Campus, c'est une association, elle fonctionne grâce à des bénévoles. Souvent, ce sont des étudiants qui viennent proposer des émissions, mais il y a aussi des passionnés, parfois des retraités, qui viennent participer ou aider. Par exemple, dans ce petit studio, je fais une émission sur le foot avec d'autres étudiants. On a réussi à convaincre Radio Campus pour pouvoir faire notre émission tous les jeudis soir.
À quoi ça sert la radio ?
Salomé : La radio, ça peut servir à divertir : tu peux écouter la radio quand tu n'as rien à faire, écouter de la musique. Ça sert aussi à s'informer, savoir ce qui se passe. Ça peut nous aider à comprendre : à la radio, on peut expliquer des choses comme la politique car c'est parfois compliqué. En plus, comme c'est gratuit, ça rassemble les gens : tout le monde peut écouter la radio s'il a un poste.
TERNENGO est un journal créé avec les enfants de l'Aire d'Accueil des Gens du Voyage de Hellemmes/Ronchin accompagnés par la Sauvegarde du Nord. www.lasauvegardedunord.fr