Dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes et des bouleversements géopolitiques, il est crucial de comprendre les dynamiques sous-jacentes qui façonnent notre réalité actuelle. Dans l’émission «L'heure de l'mettre »  du 09/04/2025, sur radio Campus Lille, Saïd Bouamama, sociologue, nous offre une perspective éclairante sur les mécanismes économiques et politiques qui mènent inexorablement vers une confrontation mondiale. À travers une grille de lecture marxiste, il décrypte les intérêts en jeu et les processus historiques qui ont conduit à cette situation critique.

La Fin de l’Hégémonie Américaine

 « Les politiques de dérégulation financière ont exacerbé les inégalités économiques, affaiblissant la classe moyenne et renforçant le pouvoir des élites financières. » —Joseph Stiglitz,  Le prix de l’inégalité (2012) 

Depuis 1971, les États-Unis ont mis en place une économie parasitaire, déconnectée de la production réelle et soutenue par une dette croissante. Cette stratégie a entraîné une paupérisation des autres nations et un impôt invisible vers les États-Unis. Les classes dominantes américaines ont ainsi répercuté les coûts sur leurs propres peuples et sur les classes ouvrières du monde entier. Ce processus a inévitablement conduit à une opposition croissante, tant au niveau des peuples que des bourgeoisies nationales. Par exemple, les politiques de dérégulation financière sous Reagan et Clinton ont exacerbé ces inégalités, comme l’a montré l’économiste Joseph Stiglitz dans son ouvrage « Le prix de l’inégalité ».

La Montée des BRICS et la Remise en Question de l’Hégémonie

« La montée de la Chine et des BRICS remet en question l’ordre mondial dominé par les États-Unis, ouvrant la voie à un rééquilibrage des pouvoirs économiques et politiques. » — Martin Jacques,  When China Rules the World  (2009).

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) représentent une opposition significative à l’hégémonie américaine. Ces pays, avec la Chine en tête, remettent en cause le régime hégémonique mondial des États-Unis. La dynamique économique de la Chine, en particulier, menace directement la suprématie américaine. Face à cette menace, les États-Unis n’ont d’autre choix que de réaffirmer leur hégémonie par la force et la violence. Par exemple, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, initiée sous la présidence de Trump, illustre cette confrontation économique.

La Fascisation et la Théorie du Pivot Asiatique

« Les États-Unis utilisent des stratégies de domination militaire et économique pour maintenir leur hégémonie, souvent au détriment des droits et des libertés dans le monde.—  Noam Chomsky,  Who Rules the World ?  (2016)

La fascisation, ou le règne de la force brutale, apparaît comme la dernière route de secours des classes dominantes. L’avènement de Trump au pouvoir illustre cette tentative désespérée de maintenir l’hégémonie américaine. La théorie du pivot asiatique, qui vise à casser les reins de la Chine, est au cœur de cette stratégie. Les États-Unis cherchent à isoler la Chine en multipliant les alliances et les vassalisations, préparant ainsi le terrain pour une conflagration généralisée. Par exemple, les sanctions américaines contre des entreprises chinoises comme Huawei montrent cette volonté d’affaiblir la Chine.

La Crise Profonde de la Bourgeoisie

« La concentration de la richesse aux mains d’une élite économique menace la stabilité sociale et politique, nécessitant des mesures drastiques pour maintenir le contrôle.»—Thomas Piketty, « Le Capital au XXIe siècle » (2013) 

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La prise de pouvoir directe par des milliardaires, tels qu’Elon Musk et Trump, révèle une crise profonde de la bourgeoisie. Obligée d’abandonner le masque de l’objectivité, la bourgeoisie montre ses intérêts de classe de manière explicite. Cette situation est un signe de la profondeur de la crise actuelle et de l’urgence pour les classes dominantes de maintenir leur pouvoir par tous les moyens. Par exemple, la réduction des impôts pour les plus riches sous Trump a creusé les inégalités, comme l’a souligné le rapport de l’OCDE sur les inégalités économiques. Dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes et des bouleversements géopolitiques, l’analyse des dynamiques économiques et politiques devient cruciale. Saïd Bouamama, sociologue, nous offre une perspective éclairante sur les stratégies de Donald Trump, la montée en puissance de la Chine et les répercussions sur l’Europe. À travers une grille d’analyse matérialiste, il décrypte les intérêts en jeu et les processus historiques qui façonnent notre réalité actuelle.

La Stratégie de Trump : Réalisme et Brutalité

« Les politiques agressives des États-Unis vis-à-vis de la Chine reflètent une stratégie de containment visant à préserver l’hégémonie américaine dans un contexte de déclin relatif.» — John Mearsheimer, The Great Delusion  (2018) .

Donald Trump, souvent perçu comme un leader imprévisible, est en réalité un acteur rationnel qui incarne les intérêts du capital financier états-unien. Sa politique protectionniste et ses mesures agressives, telles que les droits de douane élevés sur les produits chinois, visent à réaffirmer l’hégémonie américaine face à une Chine en pleine expansion économique. Par exemple, les négociations de l’accord commercial de phase 1 entre les États-Unis et la Chine en 2020 montrent cette volonté de rééquilibrer les échanges commerciaux.

La Réponse Chinoise : Résilience et Innovation

La Chine, loin de se laisser intimider, a répondu avec des mesures économiques fortes. En taxant les produits américains, en restreignant l’accès aux terres rares et en développant des technologies avancées comme l’intelligence artificielle et les batteries pour voitures électriques, la Chine démontre sa capacité à résister et à innover. Ces actions révèlent un rapport de force mondial en mutation, où la Chine émerge comme un acteur incontournable. Par exemple, le projet des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative) illustre cette ambition chinoise.

L’Europe Prise en Étau : Entre Washington et Pékin

L’Europe, et particulièrement la France, se trouve dans une position délicate, prise entre les intérêts américains et chinois. Les politiques de Trump, visant à affaiblir la Chine, ont des répercussions directes sur l’économie européenne. Les classes dominantes européennes sont divisées face à ces défis, certaines soutenant Trump dans sa quête hégémonique, tandis que d’autres craignent les coûts économiques et sociaux de cette stratégie. Par exemple, les tensions commerciales ont affecté des secteurs clés comme l’automobile et l’aéronautique en Europe.

Les Conséquences Économiques et Sociales

Les mesures protectionnistes de Trump et les contre-mesures chinoises auront des effets dévastateurs à court et moyen terme. L’Europe pourrait faire face à une paupérisation inédite, avec des coupes dans les salaires, les retraites et les services publics. Les 800 milliards d’euros prévus pour les dépenses d’armement illustrent cette tendance, où les coûts de la préparation à la guerre seront supportés par les travailleurs et les citoyens. Par exemple, les mouvements sociaux en France contre la réforme des retraites montrent cette résistance aux politiques d’austérité.

La Fascisation et la Préparation à la Guerre

Le concept de fascisation, évoqué par Gramsci, prend ici tout son sens. La préparation à des attaques économiques et sociales sans précédent s’accompagne d’une montée des tensions et d’une militarisation accrue. La logique de guerre contre la Chine, orchestrée par Trump, nécessite une mobilisation des ressources et une acceptation des sacrifices par les populations, préparant ainsi le terrain pour des conflits futurs. Par exemple, l’augmentation des dépenses militaires aux États-Unis et en Europe illustre cette préparation.

basemil2675Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont intensifié leurs préparatifs militaires, notamment dans le Pacifique. Les bases américaines, disposées en un « collier de perles » autour de la Chine, illustrent cette stratégie d’encerclement. Ces bases visent à contrôler les couloirs stratégiques et à contenir l’influence chinoise. La carte des bases militaires américaines révèle une concentration de forces à proximité de la Chine, indiquant une préparation active pour un conflit potentiel. Par exemple, les exercices militaires conjoints avec des alliés comme le Japon et la Corée du Sud montrent cette volonté de contenir la Chine.

Le Rôle Stratégique du Panama et du Groenland

Le canal de Panama et le Groenland sont des points stratégiques cruciaux pour les États-Unis. Trump a menacé d’occuper le Panama pour contrer l’influence chinoise dans la région, forçant le gouvernement panaméen à se retirer du projet des routes de la soie. De même, l’intérêt pour le Groenland, riche en ressources naturelles, s’inscrit dans une logique de contrôle des zones stratégiques. Ces manœuvres montrent la détermination des États-Unis à maintenir leur hégémonie mondiale. Par exemple, l’intérêt de Trump pour l’achat du Groenland en 2019 illustre cette stratégie.

La Mobilisation des Peuples : Une Alternative à la Guerre

Face à la marche vers la guerre, la mobilisation des peuples apparaît comme une alternative pacifique. Les mouvements pour la paix, bien que peu visibles actuellement, pourraient jouer un rôle crucial en affirmant que les ressources doivent servir à créer des emplois et des services publics, plutôt qu’à financer des conflits. Les classes dominantes hésitent souvent lorsque les peuples descendent dans la rue, offrant ainsi une opportunité pour éviter la guerre. Par exemple, les manifestations massives contre la guerre en Irak en 2003 montrent le potentiel de la mobilisation populaire.

La Résistance Palestinienne : Un Combat Universel Contre l’Hégémonie

Dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes et des bouleversements géopolitiques, la situation en Palestine illustre les enjeux de pouvoir et les dynamiques de résistance face à l’hégémonie. Saïd Bouamama, sociologue, décrypte dans l’émission «L'heure de l'mettre » du 09/04/2025, les stratégies sionistes, les réactions internationales et les mouvements de résistance qui émergent face à l’oppression.Il met en lumière les luttes et les sacrifices du peuple palestinien, tout en soulignant l’importance de la mobilisation mondiale pour contrer ces tendances.

La Défaite Morale du Sionisme

Le sionisme, autrefois perçu comme un projet légitime par de nombreux États, fait face à une défaite morale sans précédent. Les accusations d’antisémitisme, utilisées pour discréditer les critiques du sionisme, perdent de leur crédibilité. Les peuples du monde, notamment les jeunes générations, sont de plus en plus sensibilisés à la cause palestinienne, remettant en question la légitimité du projet sioniste. Par exemple, le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) gagne en popularité, illustrant cette prise de conscience.

La Résistance Palestinienne : Un Symbole Universel

« La résistance palestinienne est un symbole de lutte contre l’oppression et l’injustice, représentant les aspirations des peuples colonisés à travers le monde. » — Edward Said, « The Question of Palestine » (1979) 

La résistance palestinienne, malgré un rapport de force disproportionné, continue de s’organiser et de se battre pour ses droits. Des mouvements comme le Hezbollah et le Hamas, bien que affaiblis, restent des symboles de résistance. Les appels à la grève générale et à la mobilisation internationale témoignent de la détermination du peuple palestinien à ne pas céder face à l’oppression. Par exemple, les manifestations de la Grande Marche du Retour à Gaza en 2018 illustrent cette résistance.

Les Réactions Internationales et la Faillite Morale des États

Les gouvernements européens, notamment la France, sont contraints de prendre position en faveur d’Israël, révélant une faillite morale. Cette solidarité avec les « assassins » discrédite leur discours sur le droit international et les droits de l’homme. Les alliances historiques entre sionistes et antisémites montrent que les intérêts géopolitiques priment souvent sur les valeurs morales. Par exemple, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par Trump en 2017 illustre cette complicité. La mobilisation mondiale en faveur de la Palestine est essentielle pour contrer l’hégémonie sioniste. Les mouvements de solidarité, les appels à la grève générale et les actions de désobéissance civile sont autant de moyens pour soutenir la résistance palestinienne et dénoncer les atrocités commises. Par exemple, les manifestations mondiales de solidarité avec Gaza en 2014 montrent l’impact de la mobilisation internationale.

La France Face à ses Défis : Islamophobie, Relations Franco-Algériennes et Hégémonie Impérialiste

La France traverse une période de tensions internes et externes marquée par une islamophobie croissante, une dégradation des relations franco-algériennes et une remise en question de son rôle impérialiste. Saïd Bouamama analyse les stratégies de la bourgeoisie française pour maintenir son pouvoir et diviser la classe ouvrière.

L’Islamophobie Politico-Médiatique

« L’islamophobie en France est utilisée comme un outil politique pour diviser la société et détourner l’attention des véritables enjeux économiques et sociaux.» —Emmanuel Todd, Qui est Charlie ? (2015) 

L’islamophobie en France est omniprésente, alimentée par des débats médiatiques incessants sur le voile dans divers contextes, du sport à la pâtisserie. Cette stigmatisation vise à créer des divisions au sein de la société française, en opposant les citoyens sur des bases culturelles et religieuses plutôt que sur des intérêts de classe. Par exemple, les polémiques autour du voile en 2025 ou du burkini en 2016 illustrent cette instrumentalisation de l’islamophobie.

La Dégradation des Relations Franco-Algériennes

Les relations entre la France et l’Algérie se détériorent, notamment en raison de l’affaire Boualem Sansal et d’autres tensions politiques. Ces conflits reflètent les vestiges d’une histoire coloniale douloureuse et les tentatives de la France de maintenir son influence en Afrique, souvent au détriment des intérêts locaux. Par exemple, les déclarations d’Emmanuel Macron sur la colonisation comme « crime contre l’humanité » en 2017 ont ravivé les tensions.

La Bourgeoisie Française et l’Hégémonie Impérialiste

La bourgeoisie française, en déclin par rapport à d’autres puissances impérialistes, utilise des stratégies de division pour maintenir son contrôle. En inventant des concepts comme la « civilisation judéo-chrétienne », elle justifie son soutien à Israël et diabolise les musulmans, créant ainsi une fausse dichotomie civilisationnelle. Par exemple, la loi sur la laïcité de 2004 interdisant les signes religieux ostentatoires à l’école illustre cette stratégie.

La Logique de Division et d’Unité

La logique de division repose sur l’idée que certaines civilisations seraient supérieures à d’autres, une notion antiscientifique qui ignore les échanges et les emprunts culturels historiques. Cette stratégie permet d’unir des groupes qui devraient être divisés (comme les ouvriers et les patrons) et de diviser ceux qui devraient être unis (comme les citoyens de différentes confessions). Par exemple, les débats sur l’identité nationale en France montrent cette tentative de division.

La Lutte des Classes : Un Combat Universel

La lutte contre la guerre est intrinsèquement liée à la lutte des classes. Les coûts exorbitants des conflits, comme les 800 milliards d’euros annoncés pour les dépenses d’armement, se traduisent par des attaques sur les conditions de vie des citoyens. Privatisations, augmentation des prix, et réduction des services publics sont autant de conséquences directes de cette politique belliciste. Par exemple, les grèves contre la réforme des retraites en France montrent cette résistance aux politiques d’austérité.

ifopLa Fascisation et la Montée des Tensions

La fascisation, ou la montée des idées racistes et autoritaires, est une réalité en France. Les partis d’extrême droite, soutenus par une partie de la bourgeoisie, gagnent en influence. La diabolisation de figures politiques comme Jean-Luc Mélenchon, perçu comme un obstacle à la régression sociale, illustre cette tendance. La classe dominante prépare toutes les hypothèses pour imposer une séquence fasciste en cas de révolte massive. Par exemple, l’ascension du Rassemblement National en France et le déni de  l’inéligibilité de Marine Le Pen  montre cette montée de l’extrême droite.

La Résistance et l’Espoir de Changement

Face à la colère et à l’impuissance ressenties par les masses, il est crucial de redonner espoir et de combattre le sentiment d’impuissance. Les mouvements sociaux, comme ceux des Gilets Jaunes ou contre la réforme des retraites, montrent que la résistance est possible. La décrédibilisation du capitalisme et de ses représentants ouvre la voie à des alternatives crédibles. Par exemple, les propositions de la France Insoumise pour une sixième République montrent cette volonté de changement.

La Mobilisation et l’Unité des Luttes

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. » — Karl Marx et Friedrich Engels dans Le Manifeste du Parti communiste (1848)

La marche vers la troisième guerre mondiale semble inéluctable, mais la mobilisation des peuples reste une force capable de contrer cette dynamique. Pour contrer la fascisation et les politiques d’austérité, il est essentiel de promouvoir l’unité des luttes. Les quartiers populaires, les syndicats, et les organisations collectives doivent s’unir pour canaliser la colère et transformer les revendications en actions concrètes. La compréhension des enjeux de classe et la solidarité sont des éléments clés pour construire un front antifasciste efficace. La compréhension des intérêts en jeu et des processus historiques est essentielle pour anticiper les événements à venir. Face à la montée des tensions, il est crucial de rester vigilant et de s’engager activement pour un monde plus juste et équitable. Ecoutez l’interview complète de Said Bouamama Ici.

Le monde semble de plus en plus instable. Entre guerres, tensions commerciales, montée des autoritarismes et inégalités sociales, on peut avoir l’impression que tout s’accélère. Faut-il pour autant croire que la troisième guerre mondiale est inévitable ? Ou que les puissances dominantes mènent les peuples à la catastrophe sans retour ? Le sociologue Saïd Bouamama décrit un monde dominé par les élites capitalistes prêtes à tout pour garder le pouvoir, même à lancer une guerre. Cette vision radicale soulève des questions importantes, mais elle peut aussi paraître un peu trop pessimiste ou figée. Et si on croisait les regards ? Voici trois autres façons de compléter l’analyse pour mieux saisir les dynamiques actuelles.

La géopolitique réaliste : quand les puissances agissent pour leur survie

Les politologues comme John Mearsheimer expliquent que les grands pays agissent d’abord pour protéger leur place dans le monde. Ils ne cherchent pas toujours le conflit, mais veulent éviter de perdre de l’influence. C’est ce qu’on voit, par exemple, dans les tensions entre les États-Unis et la Chine depuis 2018 : barrières douanières, sanctions contre Huawei, rivalité technologique. Plutôt que d’y voir un plan méchant de l’élite américaine, on peut y lire une peur : celle de perdre le contrôle face à une Chine montante. Cela ne rend pas ces politiques moins agressives, mais ça permet de mieux les comprendre.

Le regard postcolonial : quand l’histoire ne passe pas

D’autres penseurs, comme Edward Said ou Achille Mbembe, insistent sur l’héritage colonial. Pour eux, on ne peut pas comprendre les tensions actuelles sans regarder ce que l’Europe et les grandes puissances ont laissé derrière elles : racisme structurel, inégalités Nord-Sud, stigmatisation de certains peuples. En France, par exemple, les débats incessants sur le voile ou les relations tendues avec l’Algérie s’inscrivent dans cette histoire. Quand Emmanuel Macron parle de « rente mémoriale » à propos de l’Algérie, ou quand les femmes voilées sont encore au centre des polémiques, ce sont des mécanismes anciens qui ressurgissent. Enfin, certains chercheurs comme Immanuel Wallerstein proposent une approche plus globale : économie, environnement, politique, migrations, tout est connecté. Une guerre en Ukraine entraîne une crise alimentaire au Maghreb. Une sécheresse en Afrique provoque des déplacements de population. Une crise financière à Wall Street peut déclencher des mouvements sociaux à Paris.Cette vision permet de voir les crises comme des symptômes d’un système à bout de souffle, pas comme de simples complots. Cela pousse à chercher des solutions globales, solidaires, écologiques, au lieu de pointer du doigt un ennemi unique.

Croiser les regards pour agir mieux

Critiquer le système actuel est nécessaire. Comprendre les rapports de force, les logiques économiques et les injustices est essentiel. Mais pour ne pas sombrer dans le fatalisme, il faut aussi multiplier les angles de vue. C’est en croisant les analyses marxistes, réalistes, postcoloniales et systémiques qu’on peut construire une vision du monde à la fois critique, lucide, et ouverte sur l’action. Comme le dit le politologue Sami Naïr : « Une vision critique du monde ne peut être qu’interdisciplinaire et ouverte à la complexité ». C’est à cette condition qu’on pourra faire face, ensemble, aux grands défis de notre temps.

Cet article s’inscrit dans le cadre de l’émission "ÉCHOS DES ONDES", diffusée chaque 4éme mardi du mois sur radio Campus Lille.de 16:00 à 17:00. À travers cette chronique, nous prolongeons notre exploration de l’actualité, culturelle ,locale, mettant en lumière les initiatives, les créations et les voix qui font vibrer notre radio et le territoire.

 

| Par Petrouchka

crédit image : IFOP


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