La Brique : N°52 L'ombre des statues - Le Lille City tour !
La Brique, le journal sans peur, sans reproche, sans publicité, sans subventions, sans concession, le collectif sur Radio Campus Lille.
Interview depuis un des petits salons du Casinos Barrière, on fait le point sur le numéro 52.
Pour écouter et/ou télécharger l’émission en MP3, cliquez sur les écouteurs => {mmp3ex}www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/BRIQ171225.mp3{/mmp3ex}
L’ombre des statues pourquoi ?
Le City tour de Lille.
L’Agence du médicament, le projet est quand même retenu.
Lille Capitale du Design, à 500 000 euros. The World Design Organization (WDO) Le lien.
Friches artistiques - Lieux sans nom.
Pas d'outrage, pas de paye.
La pirogue.
Annonce du numéro 53 de La Brique, la semaine prochaine.
Cette émission a été reprise, entre autres par Radio Panik (Bruxelles) Le lien
N°52 - Automne 2017 - L'ombre des statues
P.2 Edito
P.3 Olieux - Gare sans sauveur
P.4-5 Pas d'outrage, pas de paye
P.6 Brèves
P.7 City-Tour...ne pas rond
P.8-9 L'Union fait la force
P.10-11 Squats : Partout chez nous
P.12-13 CCL : l'oppidum du peuple
P.14-15 Friche artistique - Lieux sans nom
P.16-17 LGBT : quand Lille sort du placard
P.18 Brèves
P.19 Bar "La pirogue"
P.20-21 BCE : quels intérêts
P.22-23 Un samedi à Bazancourt
P.24 Procès Hermant...à suivre.
Visite guidée signée Aubry dans un Lille qui bouge, l’article de la voix du Nord , visite organisée quelques jours aprés la parution de l’article de La Brique City-Tour... ne pas rond.
Martine Aubry transformée en guide de tour-opérateur, micro en main, à l’avant d’un bus de journalistes. C’était ce vendredi matin, un préambule très concret au lancement de sa communication à mi-mandat.
L’occasion de réviser ses basiques. Ici à Lille, on ne néglige pas les quartiers populaires, bien au contraire. La ville y facilite d’abord la circulation des voitures, des vélos, des piétons, sans oublier de meilleures connections au centre-ville. Elle donne envie d’y vivre en construisant (ou réhabilitant) des logements, des parcs, des écoles... ; puis donne l’envie d’y venir, via quelques équipements.
Illustration à Moulins, avec la porte de Valenciennes, qui a notamment vu pousser la maison Stéphane-Hessel, inaugurée en février 2016. Elle abrite la Maison de l’économie sociale et solidaire, une auberge de jeunesse et une crèche de 70 places. Le secteur est encore en chantier, avec la livraison de 600 logements à venir à l’horizon 2019.
De Fives au projet Swam
Illustration à Fives, où l’on refait des morceaux entiers de ville, rue de l’Espérance, rue de Lannoy... mais aussi et surtout sur la friche FCB. En pleine reconquête, elle a déjà beaucoup changé. En septembre 2016, le lycée hôtelier y vivait sa première rentrée. Et bien plus encore est prévu.
Illustration encore à Lille-Sud, totalement transformé, du côté de la rue de Cannes et d’une piscine flambant neuve qui tourne à 100 000 nageurs par an ; autour du Grand Sud aussi où l’on ne cesse de construire tout type d’habitats (individuels, collectifs, mixtes). 3 500 nouveaux logements depuis 2014, dont 2 200 déjà livrés et habités. « Loin de moi l’idée de dire qu’il n’y a plus de problèmes, mais on en a fini avec les tours posées sur des terrains vagues... »
Hors des quartiers populaires, le Centre et le Vieux-Lille bougent aussi. Le projet Swam (logements, bureaux, hôtel Mama Shelter...) en cours sera livré fin 2018. Dans la foulée, Euraflandres verra les places de la Gare et des Buisses totalement repensées. Dans le Vieux-Lille, la place de Bettignies aussi va subir un lifting...
Ce « catalogue on tour » est forcément très riche, puisque finalement, il a donné à voir les réalisations du mandat 2008-2014 aussi. Et a donné un aperçu de ce qui sera lancé mais pas achevé en 2020. Un projet urbain, c’est bien plus grand qu’un mandat... Illustration encore à Condorde (Faubourg-de-Béthune) où l’ANRU 2 devrait contribuer à transformer (enfin) ces immeubles d’un autre âge, où la mixité n’existe pas : les relogements et premières démolitions arriveront en 2020 ou 2021.
« Sur votre gauche... », « Sur votre droite... », « Ici, on va s’arrêter un instant pour bien regarder... ». Martine Aubry transformée en guide de tour-opérateur, micro en main, à l’avant d’un bus de journalistes. Rendez-vous était pris, ce vendredi matin, pour un préambule très concret au lancement de sa communication à mi-mandat : il était question de sillonner les quartiers de Lille à la (re)découverte des grandes réalisations urbaines depuis 2014.
City-Tour... ne pas rond. Le lien
S’il est une expérience lilloise peu connue de ses habitants, c’est certainement le City-Tour de Lille. Vous les avez certainement vus, ces bus sans toit, parcourant le centre-ville pour permettre aux touristes de s’imprégner de la beauté de ses boulevards et d’expérimenter à pleins poumons une spécialité locale : le pic de pollution.
Quand on le croise, le bus du City-Tour a des airs d’aquarium. Depuis le trottoir, nous, petites créatures piétonnes, regardons l’archétype du touriste qui nous contemple passivement, assis et lassé, écouteurs jetables dans les oreilles et appareil photo à la main. Une étrange conception d’une Lille qui fait passer les badauds pour des cons. Pour savoir qui est le poisson rouge de l’autre, La Brique s’est grimée en touriste novice. 23 balles pour écumer les bouchons de Lille pendant une heure.
Une ode aux élites locales
Pour une découverte succincte d’histoire de la ville et de ses différentes architectures, on ne s'attendait pas à une grande rigueur historique et scientifique. Financé par la Métropole, l'attraction ne manquera pas de s'arrêter devant toutes ses merveilleuses réalisations, ça va de soi. Mais on n'imaginait pas à ce point tomber en plein spot publicitaire, à la gloire des hoteliers, des grands bourgeois et décideurs politiques qui verraient bien leur nom sur l'une ou l'autre des avenues de la ville. À peine avons-nous quitté Rihour que le bus s’arrête, rue Nationale, pour mieux nous laisser admirer « une célèbre enseigne parisienne, synonyme de chic et de bon goût où les anglais et les belges viennent régulièrement faire leurs achats ». Le Printemps, donc, dont on peine à mesurer l'importance architecturale.
La suite du parcours est à l'avenant. On rigole au fond du bus, on gratte les citations à l'arraché tellement le ton est décalé et schlingue le « bon vivre ». À l'image la rue de la soif Massena où « les jeunes viennent discuter autour d'une bonne bière ». C'est sûr que ça fait mieux que : « la rue où la jeunesse dorée s'enfile des pintes jusqu'à en gerber sur les chaussures d'un mafieux local ».
Face à la préfecture, le seul moment où les touristes sortent leur appareil photo vers le palais des Beaux-Arts, on ne peut s'empêcher d'ajouter « la préfecture construite sous Napoléon III où son personnel de qualité sera ravi de vous accueillir entre 9 h et 17 h 30 du lundi au vendredi pour toutes vos demandes de régularisation, son prefet M. Michel Lalande garde jalousement le secret d'une bonne manif réussie ».
Le discours érigé ne manque pas une occasion de pointer les prodigieuses réalisations de la Ville de Lille et de la Métropole, lesquelles ont, n'en doutons point, permis la Renaissance de la ville. Malheureusement, le chauffeur ne pourra pas nous montrer la Maison Folie de Moulins ni celle de Wazemmes, « parce qu’inaccessible en bus ». Mais entre le Palais des Congrès et Euralille, entre l’hospice Comtesse et le quai du Wault, les petites télévisions ne cessent de rappeler aux visiteur.se.s qu’il.le.s sont aussi là pour consommer. « Rendez-vous compte, la petite voix traduite en neuf langues, la Métropole propose plus de 400 hôtels et chambres d’hôtes ». Le casino Barrière fait bien partie du prestige hôtelier local : « vous retrouverez tout le savoir-faire Barrière, en plus de son hôtel de luxe, 125 chambres et 17 suites, un casino dernière génération, quatre bars, un resto etc. "un pôle touristique totalement unique en France", dans un complexe unique de 40 000 m² ». La petite voix ne manque pas de rappeler l'immense humaniste Lucien Barrière fondateur du groupe éponyme.
Arrivé à Euralille, la musique change, on passe aux choses sérieuses : Lille présente son « centre international des affaires », un « vaste projet d'extension imaginé par [le très saint] Pierre Mauroy » conçu par les « meilleurs urbanistes et architectes du monde ». Au passage, on vante « la qualité des magasins de la ville qui attirent chaque jour plus de monde » et pas moins de « 120 boutiques » dans le centre commercial « ouvert jusque tard dans la nuit ». Lille assurément est « entrée dans le XXIe siècle ». Autant d'étoiles dans les yeux qu'on aurait presque envie d'embrasser la vitre du bus. Bref, le City-tour balade autant au sens propre qu'au figuré ses passager.es.
Wazemmes, Moulins, Fives, tu connais ?
Le tour s'achève après une traversé du centre-ville, en passant par la Catho et le Vieux-Lille. Nous descendons du bus, désolés de voir la mine déconfite des touristes belges. Quand on lui demande s'il existe des expositions, des guides ou des visites concernant l'histoire ouvrière locale, L'employé de l'office de Tourisme sèche, « Je suis désolé, il n'y a pas ce que vous cherchez, mais je peux vous donner un plan du bassin minier ». Allez voir ailleurs... à Lille, c'est l'histoire des riches. Pour les pauvres, faut voir dans le Pas-de-Calais (à quand un city-tour à travers le charme pittoresque des corons ?)
À notre grand dam et aussi certainement à celui des employé.es des archives de la ville, le discours proposé par le City-Tour fait abstraction de la vie des lillois.es , passée et présente. On nous présente une ville qui se serait faite sans ses habitant.es, façonnée par les seuls bourgeois, architectes de renom, et sous l’impulsion de politiques urbaines « visionnaires ». Chercher les mots populaires, ouvriers, pauvres, lutte ou travailleurs est chose vaine. On préfère nous parler de l’extravagance des maisons bourgeoises du boulevard de la Liberté, plutôt que les maisons de briques que nous habitons, les courées ou les caves immortalisées par Victor Hugo himself.
Du passé ouvrier de la ville, il n'en est pas question. On n'évoquera pas les périodes sombres, les bombardements, l’Occupation. Ni de cette architecture faite de brique et d'usines en friches ou raccommodées. À croire que ce qu'il reste de l'histoire de Lille c'est Euralille et ses quartiers gentrifiés. L’histoire est écrite par les vainqueurs dit-on, comme une alliance entre la chambre de commerce et la MEL entre la municipalité et la bourgeoisie locale. Comme dirait Martine Aubry, future ancienne maire de Lille, à propos de Lille2004 et de la fameuse Renaissance de la ville : « Lille2004 nous a fait gagner dix ans »... mais en balançant aux oubliettes 100 ans d'histoire sur l'autel du folklore tertiaire. Et 1400 ans de braderie au passage.
À notre tour, de vous faire la visite, notre visite. Celle des rues stigmatisées par le lourd héritage industriel de la ville. Celle de ses maisons murées, où les fantômes d'une vie culturelle née des squats s'est éteinte à coup d'expulsions. Des luttes oubliées à la vie des quartiers, les énergies multiples et souvent anonymes ont façonné la ville bien au-delà de ce qui constitue son patrimoine officiel. Une histoire dont on passe le temps à nous dire qu'elle est « sale », rangée aux cotés des clichés avec les « beaufs au chômage » les « analphabètes » et « alcooliques ». À ce discours creux et sans recul, on répond que la métropole fut le théâtre de hautes luttes. N’est-on pas dans la ville où fut composée l’internationale ? L’une des premières villes au monde avec Roubaix à élire un [vrai] maire socialiste et qui a vu naître l'une des plus importantes coopératives ouvrières du pays ? Certes c’est moins vendeur...
Edito N°52 - Histoires à lutter debout.
On vous a laissé.es cet été avec un bon gros numéro sur le travail qui écrase et qui tue. Il n’a pas pris une ride.
On dénombre le seizième suicide d’un ancien de Goodyear tandis que les victimes de l’amiante ont été une fois de plus déboutées de leur procès. Cette rentrée ne nous prépare rien de mieux au vu du dézingage du droit du travail désormais tout à fait sur les rails, version XXL de la loi El Khomri. Même si on ne comptait pas sur les contrats précaires pour sauver les droits sociaux, on est tout de même abasourdi.es de voir que la majorité des assos’ locales et pas mal de structures d’aide sociale crèvent de ne plus avoir les contrats aidés pour survivre. Les coupes réglées dans les conquis sociaux s’incarnent très concrètement dans nos quotidiens déjà fragiles.
Alors quoi faire ? Bien sûr, on se joint dès qu’on peut aux centaines de milliers de personnes qui battent le pavé pour contester Macron et sa coupe réglée du droit du travail. L’ampleur réjouissante des mobilisations révèle en creux l’ampleur de la merde dans laquelle on est. Des manifs où beaucoup d’entre nous s’amènent avec la boule au ventre. Avec l’entrée de l’état d’urgence dans le droit commun, la répression des militant.es a de beaux jours devant elle. Des camarades prennent du ferme pour avoir osé militer. La rue ne peut plus ces temps-ci, sous les drapeaux colorés des syndicalismes divers, faire croire qu’elle est le terrain de jeux pacifié du « dialogue social ».
Or, les combats actuels ont une continuité directe avec l’histoire des luttes passées. Depuis près de deux siècles, l’essor de l’industrie textile et la formation d’une classe ouvrière se sont faites au profit de quelques bourgeois. L’histoire et la mémoire légitimes ont toujours été façonnées au profit des possédant.es, au détriment de celle.ux qui l’ont faite et subie. Dans le folklore officiel et municipal lillois, les traces de cette mémoire sont bien souvent enfouies sous les paillettes de grands raouts censément fédérateurs à la Lille 3000. Les Euralille 1, 2 et 3, les musées, maisons folies et autres capitales européennes revisitent une mémoire exaltant l’attractivité économique du territoire, au service des politiques de gentrification municipales. . . . . . .
La suite : http://labrique.net/index.php/thematiques/editos/930-edito-n-52-histoires-a-lutter-debout
Pas d'outrage pas d'paye !
« All cops are bastards », « mort aux vaches », « un flic, une balle », « fumier » . Scandés en manifs ou tagués sur les murs de nos villes, ces (é)cri(t)s de rage contre la police fleurissent avec la rentrée sociale. Mais ils apportent un tas d’emmerdes à qui se risque à les exprimer, quand les flics en font leur treizième mois.
Alors que les manifs s'accentuent à mesure que la casse du code du travail s'intensifie et que la répression l'accompagne, les flics s'enrichissent. Ils tirent profit des réactions épineuses qu'ils suscitent en faisant passer toute tentative de résistance pour de l'« outrage », technique dont ils usent et abusent. Les outrages sont assimilés à des « paroles, gestes ou menaces, des écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l’envoi d’objets quelconques » (1). La Protection Fonctionnelle (PF), un bidule mis en place par la loi du 11 juillet 1983, assure aux dépositaires de l’autorité publique une réparation en cas de préjudice ressenti pour ce qu'ils considèrent eux-mêmes relever de l'outrage ou de la rébellion. Si le recours à l'outrage est autorisé pour toutes les catégories de la fonction publique, la police nationale est de loin la plus gourmande en la matière.
Noms d’oiseaux et poulets aux œufs d’or . . . . . . .
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Bar La Pirogue : « Dégage sale pédé ! »
Dans le Vieux Lille, La Pirogue est un bar traversant entre la rue de Weppes et la rue Jean Jacques Rousseau. Dans cet établissement ouvert depuis une vingtaine d’années, tous les ingrédients seraient réunis pour passer un bon moment si le personnel n’avait pas la cogne un peu facile, transformant le moment festif en cocktail explosif.
Alertée par un lecteur, La Brique s’est penchée sur les drôles d’habitudes de la Pirogue. Le 16 août 2017 vers 23h, sortant du bar gay le Privilège, Emmanuel et son frère François de passage à Lille, vont terminer leur soirée à La Pirogue. Emmanuel connaît le bar depuis dix ans. Les deux frangins ne sont ni violents, ni ivres : Emmanuel concède « avoir bu seulement trois pils ». Rien d’extraordinaire dans un quartier où il n’est pas rare de croiser une faune largement plus éméchée.
« Après notre entrée, l’un des barmen me donne la carte et sans raison apparente la refuse à mon frère en lui disant qu’il ne le servirait pas. » Drôle de situation et esprit peu commerçant. Les frères demandent la raison du refus et François récolte un... « Dégage sale pédé ! ». Emmanuel est abasourdi et fait entendre que « ces manières sont totalement inacceptables ». Ni une ni deux, le barman « saute par-dessus le bar » en furie. « Il nous a violemment mis à la porte avant de nous frapper tous les deux avec l’aide de l’autre barman, sous les yeux incrédules du videur présent pendant la scène. Mon frère a pris un coup de poing. Moi deux, avant que l’un d’entre eux me gaze avec une bombe lacrymogène ! » Que le barman vide à moins d’un mètre du visage d’Emmanuel.
Les passant.es, les client.es et même le videur interviennent en donnant de l’eau et en appelant les pompiers. . . . . .
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Justice pour Selom et Mathis
Ce qu'il s'est passé vendredi 15 décembre à la cité Saint-Maurice à Fives
Il y a des textes qu'on aimerait ne pas devoir écrire. Vendredi 15 décembre vers 21 heures, quatre jeunes ont été happés par un Train Express Régional (TER) sur la ligne Lille-Calais-Dunkerque au niveau de la cité Saint-Maurice, à la frontière des quartiers de Fives et de Saint-Maurice Pellevoisin. Deux d'entre eux sont morts. Malgré le choc et les blessures, les deux rescapés témoignent. Et démentent dignement la version de la police et de la presse locale.
Lundi dernier, à 20h45, une centaine de personnes se rassemblent sur la place Degeyter à Fives pour rendre hommage à Selom et Mathis, morts pendant le week-end. Quelques heures plus tôt, le procureur de la République explique que la version d'une course poursuite avec la police n'est qu'une « rumeur » et que les quatre jeunes auraient voulu prendre un « raccourci » le long des lignes SNCF... Les médias – La Voix du Nord en tête – se contentent de relayer cette version. Affaire classée.
Un accident, vraiment ?
Pour Ashraf et Aurélien, les deux rescapés que nous avons rencontrés, il ne s'agit pourtant pas d'un accident. Leurs témoignages se recoupent alors qu'ils n'avaient pas encore eu l'occasion de se parler. Ashraf, dans une chambre de l'hôpital Roger Salengro où il est encore en observation pour quelques jours, revient sur les faits : « C'est allé hyper vite, entre trois et cinq minutes. On était assis dans la cité, ils sont entrés à six en uniformes avec leurs matraques. Ils ont couru vers nous, ils voulaient nous attraper. On a eu peur et on est partis en courant ». « Ils », ce sont les nouvelles unités de la police nationales déployées en grand nombre dans le quartier depuis septembre, tout particulièrement autour de la cité Saint-Maurice et de la place Degeyter. Le résultat ? Un net regain de tensions entre jeunes et forces de l'ordre. « Depuis deux-trois semaines, c'est vraiment tendu dans le quartier. »
« On ne voulait pas se faire éclater encore une fois »
Pourquoi ont-ils eu peur ? « C'est ceux qui nous frappent tout le temps, pour rien, explique Aurélien, blessé au bassin et au visage et obligé de se déplacer en fauteuil roulant. Encore hier, ils ont frappé quelqu'un. On ne voulait pas se faire éclater encore une fois. Tu sais combien de fois je me suis fait frappé ? Tu sais comment ils m'appellent ? Par mon nom de famille. Ils nous connaissent très bien et c'est toujours la même histoire. La nationale, ils te lâchent seulement quand tu cries et tu pleures... »
Arrivés sur la voie ferrée, les jeunes ont à peine eu le temps de comprendre. « On a entendu un gros coup klaxon, raconte Ashraf. J'ai volé et je suis retombé plus loin. J'ai vu que les deux autres étaient tombés. Les secours me mettaient des claques pour pas que je m'endorme et m'obligeaient à regarder vers les buissons pour ne pas voir mes potes. Et après je me suis évanoui. Ça a été très violent : quand je me suis réveillé ici [à l'hôpital], je courrais encore, dans ma tête, j'étais encore dans la poursuite. » Si Ashraf perd rapidement connaissance, Aurélien se souvient : « C'est un passager du train qui est venu faire les premiers secours et ensuite les contrôleurs et la sécu [la sûreté générale, la police de la SNCF] sont arrivés. » Contrairement à ce qui est dit dans la presse, le groupe de « CRS » arrivé sur place n'intervient pas suite au drame mais semble être celui qui a entrainé toute cette histoire.
Les flics qui les poursuivaient ont-ils pu savoir ce qu'il leur est arrivé par la suite ? « Quand on a sauté vers les rails, ils étaient à cinq mètres derrière nous », explique Ashraf. Pour Aurélien, c'est sûr, « ils ont vu le train passer deux secondes après nous. Ils nous ont coursés jusqu'au bout. » Concernant la thèse du raccourci relayé dans la presse : « On va pas prendre un raccourci pour aller sur les rails ! s'exclame Ashraf. Un raccourci pour aller où ? »
Intox
On se pose donc la question : d'où vient cette version des faits ? Peut-être a-t-elle été recueillie lors d'interrogatoires réalisés le soir même, sur le lieu de l'accident
(avec Aurélien) ou à l'hôpital (avec Ashraf), ce dernier ayant dû signer des documents pré-remplis et sans les lire. Au-delà du fait de témoigner contre la police auprès de la police, on imagine aussi ce que signifie ce genre de témoignage lorsqu'on vient de connaitre un traumatisme aussi important. « C'est que hier [lundi 18 décembre] que j'ai vraiment réalisé ce qui s'est passé », explique Ashraf.
On comprend mieux ce qui a entrainé les feux de voitures de ce week-end à Fives. Et pourquoi les versions officielles de la justice, de la police et de la presse ont toujours autant de mal à passer aujourd'hui. L'affaire n'est donc pas classé. C'est tout un quartier qui réclame vérité et justice pour Selom et Mathis.
Le C.R.I.M.E (Contre la Répression des Individus et des Mouvements d’Emancipation ) Lille Le 20 décembre 2017 Source : https://fr-fr.facebook.com/notes/le-crime/justice-pour-selom-et-mathis/1118772024925643/
Contre la Répression des Individus et des Mouvements d’Emancipation
Accompagnement musical :
Naif, L’assureur militant.
Mégacombi (Radio Canut) , le lien
Le petit jardin - Jacques Dutronc.
Ch’ti Lyrics Les corons.
Les Ch’ti Lyrics - Odile et Odette Vandekaestecker, deux comédiennes chanteuses interprètent un spectacle musical a cappella.
De "formation lyrique", ce duo propose un concert inspiré du répertoire de chansons
régionales et plus particulièrement en «Ch'ti» : de l'immuable hymne du P'tit quinquinà la déchirante mélodie Les Corons, de l'originale musique
de film Quand la mer monte à l'attendrissante ballade Tout in haut de ch'terril, mais également avec l'audacieuse reprise en ch'ti Tout di parèle (d'après le succès international My Way / Comme d'habitude), ...
Elles explorent la mémoire de nos grands classiques. Leur virtuosité vocale couplée d'une polyphonie inventive permettra à la fois de reconnaître les plus grands tubes patoisants, et de dénicher des joyaux d'humour et de bon sens plus que centenaires.
Informations : http://compagnieonoff.com/spectacle/chti-lyrics/
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